Découvrez l’histoire des concours et leur origine !

Saviez-vous que les concours en France sont très largement inspirés des examens mandarinaux chinois ?

 

Nos examens et concours français ont une longue histoire qui commence en Chine…En effet Napoléon a instauré ce type de recrutement de fonctionnaires en même temps que la création des grandes écoles, en copiant le modèle des écoles des Jésuites qui avaient eux-mêmes rapporté ce système de Chine impériale entre le XVIème et le XVIII ème siècle. Le mot même de « mandarin » qui désigne ces fonctionnaires lettrés est attesté depuis la fin du XVI ème siècle/début du XVIIème sous sa forme portugaise « mandarim », du verbe « mandar », mander, ordonner.

Pourquoi ce modèle a-t-il été privilégié ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ? Par une description courte des examens mandarinaux, je vous propose de réfléchir sur les enjeux et les conceptions liés à ce type de recrutement.

La Chine impériale a mis en place une « Bureaucratie céleste » selon la définition d’Etienne Balazs (céleste parce que l’Empereur détenait le « Mandat du Ciel ») pour gouverner dans toutes les régions de l’Empire. C’est une sorte de monarchie bureaucratique très centralisée et hiérarchisée où les institutions confucéennes garantissent l’ordre et la soumission à l’Etat. Cette bureaucratie est composée de fonctionnaires-lettrés recrutés par des concours instaurés dès l’an 605 (avec déjà des concours durant la dynastie Han deux siècles avant J.C.) et qui ont perduré jusqu’en 1905, soit 1300 ans ! C’est donc dans la continuité de cette classe dirigeante qu’on peut voir à quel point le phénomène de « fonctionnarisme » était important en Chine.  L’idée fondatrice des examens était de créer un système de méritocratie plutôt que d’aristocratie. D’où les épreuves multiples basées sur la connaissance parfaite des Classiques chinois, et les différents niveaux de recrutement (élève aspirant, bachelier, licencié, docteur) pour permettre accès multiples et promotions. Dans ces concours on retrouve tout le quotidien des candidats d’aujourd’hui : tenue régulière des concours, épreuves sur plusieurs jours, isolement des candidats dans des centres d’examens, anonymat des copies, publication officielle des résultats, programmes fixes (les Cinq Classiques, dissertation, poésie…) mais sujets aux réformes multiples durant ces siècles d’organisation.

Ces concours ont largement démontré leur efficacité pour éviter que les fonctionnaires ne soient tous issus d’une même classe sociale d’aristocrates, car même s’il a existé « un phénomène d’auto-perpétuation du fonctionnariat » il est resté très limité. Ces concours ont permis une large ouverture pour l’accès à la fonction publique. De plus, des règles complémentaires pour les fonctionnaires en poste permettaient d’éviter les recrutements privés par recommandation au sein d’une famille ou d’un clan, ou d’une préfecture. Avec plus ou moins de succès bien sûr. Mais les critiques de ces examens furent nombreuses. On leur reprochait de reposer sur du bachotage, du conformisme, des exercices trop littéraires par rapport aux fonctions qui seront exercées, peu de disciplines pratiques…De plus l’histoire des examens impériaux regorge d’anecdotes croustillantes de tricheries avec des antisèches (et dans ce cas un sort tragique réservé au fraudeur), mais aussi d’histoires effrayantes de fantômes venant perturber les candidats…

Qu’en est-il des concours français aujourd’hui ? A coup sûr, on y retrouve tous les points positifs et négatifs des
examens chinois. Les réformes tentent d’instaurer de plus en plus de pratique avec un succès inégal.

Le conformisme n’a pas bougé. Il est clair que si vous vous lancez dans l’aventure, votre premier travail consistera à lire les rapports de jury pour comprendre ce qui est attendu très exactement. Car c’est la base pour préparer ces concours : savoir répondre aux attentes d’un jury. Cela ne signifie pas qu’une pensée originale ne puisse pas s’y développer, mais le cadre contraignant de chaque épreuve fait que l’essentiel est ailleurs. Et bien sûr, vous aussi, vous allez « bachoter », travailler sur quelques questions, auteurs, exercices au programme, travailler sans cesse, faire et refaire le même type d’exercices. Le cadre est posé, il est contraignant mais il sert surtout, ne l’oubliez pas, à évaluer des copies. C’est pour cela qu’il existe. Car, qui dit concours dit classement (parfois au centième de point près), avec sa petite part de hasard, de chance ou de malchance, voire d’injustice. Mais n’oubliez pas que ce n’est pas votre personne avec votre travail qui est évalué, mais juste une copie, anonyme, parmi des centaines d’autres, ou un exposé oral. Une mauvaise note ce n’est pas vous, c’est votre travail à un instant T. En Chine était récompensée la persévérance. Certains candidats passaient les concours plusieurs années de suite sans succès, mais aux candidats très âgés on pouvait finir par leur accorder le titre brigué. Le plus vieux candidat sous les Qing a eu 99 ans ! De nos jours, passer plusieurs fois le même concours est monnaie courante, rares sont ceux qui réussissent du premier coup les concours les plus sélectifs. C’est pourquoi il faut se préparer à passer un temps long pour réussir. Je vous propose deux autres articles pour vous guider et vous éviter quelques déboires.