Le film « première année » : folklore et stratégie de concours

Après avoir vu la bande annonce, j’étais très curieuse de voir le nouveau film de Thomas Lilti « Première année », l’histoire de deux étudiants en train de préparer le fameux concours de première année de médecine à Paris. Je n’ai pas été déçue. L’histoire est assez simple mais bien interprétée.  Ces deux étudiants suivent le circuit classique de cette première année de médecine : rentrée, premiers cours, premiers concours blancs, concours de janvier, révisions, concours final.  On suit leur travail et leur régime si intensif que le mot de bachotage fait penser à une activité de loisir. Le spectateur les voit douter régulièrement, reprendre confiance en eux, douter à nouveau…  C’est aussi l’histoire d’une rencontre entre deux étudiants très différents dans leur façon d’appréhender le concours. Antoine triple son année par dérogation mais surtout par véritable vocation. Benjamin, lui,  arrive là un peu par hasard et aussi  parce que « papa  est chirurgien viscéral ». Cet élément en apparence positif révèlera quelques surprises. Et c’est ce qui  est le plus intéressant au final : si le concours est le même pour tous, le film démontre qu’il se joue finalement sur des éléments qui ont peu à voir avec la biochimie ou l’anatomie…

 

Le folklore

Ce film reste léger notamment grâce à tout ce qui relève du folklore bien connu de cette première année de PACES, année à l’issue de laquelle les étudiants les mieux classés choisiront entre médecine, dentaire, pharmacie ou maïeutique. On y retrouve les chahuts bien orchestrés, les rivalités entre nouveaux et  redoublants, la prépa du mois d’août (les prépas privées sont passées sous silence), les chansons grivoises, les tableaux d’affichage pour les classements, et le fameux concours à Villepinte où des milliers d’étudiants prennent place dans les hangars en rangs serrés. Cette image impressionnante me transporte automatiquement vers l’Asie où ce type de dispositif est utilisé depuis les débuts de grands concours mandarinaux (voir mon article  http://www.coachingpreparationconcours.com/2016/09/01/decouvrez-lhistoire-concours-origine/ ) et aussi pour le fameux Gaokao chinois (baccalauréat/concours), et ses équivalents japonais et coréen (le fameux « Suneung », titre d’un excellent thriller coréen). Mais ce n’est bien sûr que mon tropisme asiatique qui parle ici ! Autre élément de « folklore » inhérent à tout concours, le classement et ses injustices. Le numerus clausus  écarte certains bons candidats sur quelques centièmes de points qui paraissent bien dérisoires au vu des enjeux de carrière.

Alors dans ce contexte aussi complexe, comment tirer son épingle du jeu ?

 

La stratégie

Le film montre parfaitement l’intérêt de trouver une stratégie de préparation et de réussite. Cette stratégie est incarnée par Benjamin qui réfléchit (un peu aidé par son entourage) à la façon d’être efficace, quitte à ne pas chercher à tout comprendre du programme. C’est l’opposé d’Antoine qui s’épuise à la tâche, mû par une vocation sincère et obsédante. Leur collaboration est donc l’occasion pour Antoine de faire les choses autrement (sieste, sport, repas..) et de progresser. Ils découvrent à deux plusieurs façons de travailler : petites révisions dans transport, fiches accrochées dans des endroits improbables, récitations à voix haute, interros orales et jeux d’escaliers, mimes de la circulation aortique… De quoi inspirer tous les étudiants et candidats aux concours quels qu’ils soient (voir mon article à ce sujet http://www.coachingpreparationconcours.com/2017/09/04/concours-et-strategie-de-reussite/).

 

J’ai beaucoup apprécié le film« Première année ». Il montre fort bien que la réussite est un processus global, où les parasites (pression, entourage, idées reçues, croyances..) doivent être réduits au maximum. Un concours reste une épreuve difficile mais pas une sentence définitive.  Concluons avec Churchill : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal. C’est le courage de continuer qui compte. »